Le Hobbit : un Voyage inattendu

Cet Eté j'ai eu l'occasion de chroniquer du Tolkien en ces lieux, à travers Les Enfants de Húrin, un des éléments les plus tragiques abordés dans le Silmarillion. Comme le savent sans nul doute bon nombre de lecteurs de ce blog, l'oeuvre de Tolkien ne se limite pas au Seigneur des Anneaux et celui-ci, malgré son succès par ailleurs tout à fait mérité, ne correspond en réalité qu'à la pointe émergée d'un véritable iceberg littéraire. Surtout qu'avant Le Seigneur des Anneaux, il y avait un roman jeune public intitulé Bilbo le Hobbit (en version française) et qu'il y avait donc bien une histoire avant l'histoire.

Comme c'est par Le Seigneur des Anneaux qu'est venue la renommée pour Tolkien, c'est en toute logique ce livre qui a été adapté le premier. Hollywood ne s'en est cependant pas emparé tout de suite : réputé inadaptable (à cause de l'abondant contexte qui le caractérise), ce livre est resté en effet inadapté pendant une petite cinquantaine d'années : il a fallu en fait que l'élan soit donné au début du XXIème siècle par un réalisateur néo-zélandais nommé Peter Jackson, auquel les geeks de tous les pays élèveront sans doute un jour une statue. Enfin, peut-être faudrait-il pour cela qu'il aille jusqu'à se pencher sur l'adaptation de Dune... mais dans tous les cas, il paraît que pour le titre de noblesse, ben c'est déjà fait.

Avant Le Seigneur des Anneaux, le livre, venait donc Bilbo le Hobbit. Après Le Seigneur des Anneaux, le film, vient donc Le Hobbit, occasion de revenir en Nouvelle-Zélande Terre du Milieu et de savoir au juste comment Bilbo(n) s'y est pris pour dérober son anneau à Gollum...
Résumé: 
En Erebor, Thror était le Roi sous la Montagne et son peuple était le plus riche de tous les clans des Nains. Hélas, l'or qui faisait la richesse d'Erebor fut aussi la cause de sa chute : attiré par la perspective du butin, Smaug, un dragon cracheur de feu, s'abattit sur la forteresse de la Montagne Solitaire et s'empara de son  colossal trésor. Impuissants, les Nains d'Erebor durent s'enfuir et se disperser sur les Terres du Milieu, en une époque incertaine où les Orques et d'autres créatures mauvaises recommençaient à se multiplier... Bien des années plus tard, préoccupé par le réveil du Mal, le magicien Gandalf le Gris prend la décision de venir en aide au petit-fils de Thror, Thorïn Ecu-de-Chêne, qui n'a jamais renoncé à reconquérir Erebor : selon certaines rumeurs, Smaug serait mort, et de toute façon, il existerait un passage dérobé permettant d'entrer dans le salle du trésor des Nains sans avoir à passer par les grandes portes de la Montagne Solitaire. Mais pour Gandalf, deux précautions valent mieux qu'une : il faut que la troupe rassemblée par Thorïn s'adjoigne les services d'un cambrioleur, et voilà qu'il recommande au prince Nain d'engager un individu que rien ne prédestinait à rejoindre pareille aventure, en la personne de Bilbon Sacquet, un Hobbit de la Comté, qui ne déteste rien de plus que de quitter son confortable chez-soi et n'a pas la moindre idée qu'au-delà des frontières de son pays rôdent des créatures à même de lui faire dresser les cheveux sur la tête... Bilbon acceptera-t-il de partir à l'aventure ?
Cela faisait plusieurs jours que j'attendais de voir ce film qui était précédé d'avis plutôt favorables. Ayant beaucoup apprécié la trilogie du Seigneur des Anneaux de Jackson (vue au cinéma), il est vrai que je partais de toute façon avec un a priori favorable sur ce film... et je n'ai pas été déçu. On est à nouveau dans une fresque à grand spectacle, dont l'esthétique est maintenant devenue aussi habituelle qu'elle était naturelle. Nains bourrus et bons vivants. Elfes éthérés dont pas un poil ne dépasse. Orques aux traits asymétriques, à la peau boutonneuse, croûteuse et chargée à souhait en mauvaises couches... On retrouve aussi, bien sûr, l'ambiance particulière de la précédente trilogie : le sérieux de Tolkien est atténué par quelques traits d'humour tout droit sortis (paraît-il) de l'univers du jeu de rôles et autres clins d'oeil à la geek-culture.

C'est à cette ambiance que l'on perçoit, peu à peu, que Jackson a cette fois-ci fait le choix d'une adaptation quelque peu différente. Le livre de Tolkien était une oeuvre jeune public, et il était même prévu au départ que Le Seigneur des Anneaux le soit aussi. La trilogie de Jackson était en revanche une oeuvre pensée comme adulte et ce dès le départ : il était bien difficile, dans ces conditions, d'envisager de faire une préquelle filmique à destination du jeune public. Et donc, il s'agissait, en utilisant le pitch jeune public de Tolkien, d'en tirer un film non-jeune public. Vous me direz, il suffisait de faire du Jackson à partir de Tolkien et donc de rajouter quelques têtes coupées ou autres "gueules" bruegelliennes de première pour y arriver : en effet, le quota est rempli en ce domaine et même pour ce qui est des morceaux de bravoure puisqu'on nous régale ici de deux ou trois scènes de bataille que même dans 300 elles sont pas aussi invraisemblables. Mais non, Jackson va plus loin : il ajoute quelques traits d'humour plus lourds que fins à des scènes par ailleurs filmées avec une grande fidélité à l'oeuvre écrite. Ainsi découvre-t-on que les Elfes servent aux Nains de la salade accompagnée par de la musique jouée à la harpe, alors que l'on sait depuis environ une heure que ce qu'ils aiment, les Nains, eux, pour de vrai, c'est la viande, le fromage, la bière et les chansons paillardes. Mouais... Avant ça, on avait pu voir un gag sur la morve de Troll, substance présumée répugnante évoquée déjà dans le premier Harry Potter : la geek-culture est passée par là, c'est certain... Traits d'humour qui laissent une impression assez désagréable de remplissage, et ce d'autant plus que le film dure pas loin de deux heures et demie et qu'il y en aura trois, en fait.

A croire que Jackson a eu envie, comme un autre, de pondre deux trilogies... Pourtant, ce premier film n'a rien de déplaisant : il vaut la peine d'être vu et peut même s'apprécier car, au-delà du remplissage et des traits d'humour cradingue, il ne manque pas de scènes où l'on comprend, à demi-mot, que les scénaristes ont fait l'effort de lire au-delà de Bilbo le Hobbit pour faire leur travail. La scène du Conseil Blanc, où l'on perçoit déjà la position ambiguë de Saroumane, vaut le détour. Quant à la rencontre entre Bilbon et le désormais célèbre et schizophrénique Gollum, elle est chargée d'une véritable tension qui annonce déjà la confrontation finale entre Frodon et le même Gollum... En fin de compte, pour Tolkien, Le Seigneur des Anneaux n'était qu'une séquelle de Bilbo le Hobbit, mais pour Jackson, ce n'est pas le cas : le Hobbit sera en fait une préquelle du Seigneur des Anneaux...

Reste à savoir si l'on pourra dire, dans quelques années, que cette nouvelle trilogie n'est pas que ça.

Ne manquez surtout pas l'avis truculent et non-autorisé d'Odieux Connard mais, peut-être, n'allez pas en prendre connaissance avant d'avoir vu le film...

Commentaires

Efelle a dit…
Ben moi la scène du Conseil Blanc elle ne passe pas, surtout le trip avec l'épée.
Je n'ai pas eu l'impression de retrouver Saroumane et Elrond mais deux ersatz sans grand rapport.
Guillmot a dit…
Bon je crois que je n'aurai pas le temps de le voir au ciné, faudra que je me rattrape ensuite.
Anonyme a dit…

N'ayant jamais vu le Seigneur des Anneaux, je suis descendu voir "Le Hobbit" le 25 décembre sur Orléans. Sans être déçu par le film j'ai trouvé que le réalisateur abusait beaucoup trop des vues aériennes. A la fin j'en avais mal à la tête !! De plus dans cette œuvre, on a l'impression que les personnages sont presque tous au même niveau à part peut-être Gandalf... A part ça j'ai passé un très bon moment. (J’achèterai sûrement le DVD).

Sidoine qui te souhaite une excellente année 2013
Anudar a dit…
Je te dirai car j'y retourne dans quelques jours, mon père voulant le voir. Peut-être que mon avis changera un peu.
Anudar a dit…
Yep, ça mérite quand même d'être vu.
Anudar a dit…
Ah, les vues aériennes ! Ça tourne, hein ?

Bonne année à toi aussi !
Gromovar a dit…
J'aai trouvé ça pas mal, mis à part les scènes de combat de masse et les poursuites invraisemblables. Mais il y a pourtant quelque chose (et même plusieurs) du livre dans le film.
Anudar a dit…
Les scènes de bataille et de poursuite font "too much". A mon avis, c'est l'effet "on fait des clins d'oeil aux geeks et autres rôlistes". J'attends avec impatience de savoir s'ils vont réussir à nous coller un ou deux lancers de nains d'ici la fin de la trilogie.
Vert a dit…
Je suis pas bien fan de l'histoire de la salade non plus, c'est vraiment pas fin comme truc, je m'attendais à voir débarquer l'elfe de Naheulbeuk à tout moment xD. Et le Conseil blanc, je préfère ne pas y penser
Heureusement que le film ne se résume pas à ça ! Mais ne sachant pas trop où PJ va, je pense que j'arrêterais mon avis après le 3e film ^^
Anudar a dit…
Où va-t-il ? Ben, à la Comté tiens :P ...

J'avoue que je suis curieux de voir comment ils vont parler de Beorn, aussi.