Les Explorateurs

J'ai fait l'acquisition de ce livre en Juin dernier, ayant par hasard croisé dans un grand magasin l'auteur venu présenter ses livres au public. Ayant à l'époque le challenge estival du RSFBlog en ligne de mire, je me suis dit qu'un recueil de nouvelles de space-opera ne pouvait pas faire de mal à ma PàL. Et donc, voici ma chronique des huit nouvelles contenues dans ce recueil.

Confrontation : Le capitaine Neleth Ortez reçoit une dangereuse mission d'infiltration dans une base où les Zayborgs seraient en train de mettre au point une arme nouvelle. Alors que l'ensemble de la flotte confédérée s'apprête à livrer bataille dans l'espace d'Ezelias 2, sa mission pourrait s'avérer décisive... On attaque ce recueil avec un space-op' à tendance épique assez sympa et tonique même s'il faut bien reconnaître que tout ceci a un léger parfum de déjà-vu. Ah, oui, g s'exprime en mètres par secondes au carré, non en mètres par secondes, puisque c'est une accélération et non pas une vitesse.

Entre deux feux : Ulem Beltran est un vrai Don Juan : il aime passer d'une femme à l'autre et même entretenir des relations avec plusieurs d'entre elles en même temps... bien entendu, sans qu'elles ne le sachent. Sur Elsevia où il vit et travaille, il souhaite cependant aller plus loin et conquérir la belle Ilona, une Elsevienne d'origine. Cette fois-ci, après des semaines de cour acharnée, il pense en arriver à ses fins. Sans savoir que les étranges rituels réclamés par la belle ont peut-être des effets inattendus... Pour continuer dans le même univers que la précédente, une nouvelle où l'auteur explore les dimensions de l'amour extraterrestre. J'ai trouvé ça un peu plat mais il est vrai qu'en la matière je suis un sceptique.

La Chasse : Nathan a perdu sa femme pour cause de terrorisme politique ciblant les colons d'Udan V. Peu à peu, son abattement se change en haine et il décide au bout d'un moment de se transformer en tueur à gages... Afin de sceller sa résolution dans le sang et de tracer une frontière avec sa vie d'avant, il veut partir en chasse au scorpicore, animal intelligent vivant dans les jungles d'un monde lointain. Trouvera-t-il la paix dans la chasse ? Un planet-op' cette fois-ci. L'auteur s'intéresse à la notion de culpabilité mais aussi à celle de sacrifice expiatoire, sans trop convaincre, hélas.

Le Plasmode : Sur Segrelem, les plasmodes sont des entités vivantes mais sans doute pas biologiques émanant de la conscience planétaire, le Multiscient. Depuis quelques temps, des vaisseaux se posent sur les sables de Segrelem et tentent de s'emparer des si précieux plasmodes, sans savoir qu'ils ne sont pas de simples animaux fouisseurs... Un court planet-op' qui sans être dunien fait assez bien penser à une citation de Dune. Cela se laisse lire et même mieux, cela distrait, jusqu'à la fin.

Les Explorateurs : A bord de leur vaisseau d'exploration, Covain et Kara cohabitent avec plus ou moins de bonheur. A destination de la planète X-0968 où ils ont pour mission de repérer des gisements de trinocium, les voilà presque arrivés lorsqu'ils perdent le contrôle de leur vaisseau. Un atterrissage d'urgence plus tard, les voilà prêts à remplir leur mission... sans savoir que plus que du trinocium, c'est un mystère extraterrestre qui les attend. Une nouvelle où les personnages sont confrontés à des artefacts extraterrestres tout droit sortis d'une civilisation disparue, ou pas : un schéma pas trop ancien en SF, et exploité ici d'une façon très éloignée des avatars d'Alien. Cela ne manque pas d'intérêt même si, sans doute, cette histoire aurait mérité d'être allongée, certains indices laissant à penser qu'il y avait là, dans l'imaginaire de l'auteur, une intrigue bien plus complexe en puissance.

Marinopolis : Un monde-océan où l'espèce humaine s'est installée, vivant en bonne intelligence avec des autochtones qui préfèrent les grandes profondeurs. Burt est un sportif de haut niveau, adulé par les foules et sponsorisé par une grande firme. Et si ses dons de surfeur faisaient de lui un héros de la cause écologiste ? Un planet-op' qui évolue entre un personnage superficiel et une cause digne d'Abyss. Dommage que cette histoire soit si peu distrayante. L'évolution du personnage ne convainc pas et la fin ne sert pas du tout le message trop peu audible à l'heure actuelle...

Désastre : Imaginez que, médecin passionné par le jeu et criblé de dettes, vous n'ayez pas d'autre choix que de rejoindre les forces de pacification présentes sur un monde où un environnement hostile piège les prospecteurs avides. Imaginez alors qu'une gradée vienne vous proposer une juteuse mais très irrégulière mission de pillage d'un temple abandonné : sensible à son charme, saurez-vous résister à une combine qui promet de tourner au désastre ? Sans dire que cette nouvelle est... désastreuse, il est clair que ce récit poussif aux relents de mauvais Indiana Jones laisse sur sa faim... Il y avait pourtant là-dedans pas mal de bonnes idées, à commencer par cette histoire de "planète maudite". Dommage !

Source de Jouvence : Un roboticien, pour éviter d'être en retard à un congrès où il veut présenter sa dernière innovation, va devoir prendre une route infestée de pirates, menaçant de la sorte la vie de sa propre famille. Secourus par un inconnu vivant à bord d'une station perdue au milieu de nulle part, ils vont se rendre compte qu'en gage de leur sauvetage on attend d'eux un paiement... inattendu ! Il y avait là-dedans les éléments d'un space-op' claustrophobique et très inquiétant. Bon, en fin de compte, tout est bien qui finit bien. Reste un récit avec un personnage de trop et un monologue fatigant. Dommage encore.

Le recueil est dans l'ensemble décevant. Sur les huit grosses nouvelles qu'il contient, deux (et peut-être une troisième) valent d'être lues. Le reste, sans être détestable, ne captive pas. Par contre, chacune aurait sans doute mérité d'être développée sur un temps fictionnel plus long... Comme dit plusieurs fois, dommage !
 

Commentaires

Guillmot a dit…
Arf, dommage donc. Sinon, il y a de plus en plus de coquilles scientifiques dans les ouvrages de SF en ce moment, et ça devient franchement pénible... Je te rejoins donc indirectement sur ce billet.
Anudar a dit…
Je pense que cet auteur mériterait d'être lu sur la durée d'un roman pour se faire un meilleur avis...

Pour les coquilles scientifiques, encore faut-il reconnaître que lorsque les auteurs se frottent à des notions récentes il est bien difficile de NE PAS en faire. Par contre, là, il s'agit d'une erreur dimensionnelle qu'un élève de Première S peut éviter. Je dis bien "peut" car ils ne doivent pas tous l'éviter, celle-là...
Guillmot a dit…
Et avec des ressources web comme Wikipedia par exemple, il y a quand même moins d'excuses pour ces fautes sur des notions triviales.