Le Monde de la Fin

Un petit nouveau dans la collection Exofictions d'Actes Sud, et un petit nouveau sur ce blog aussi avec ce roman d'Ofir Touché Gafla que je n'avais encore jamais eu l'occasion de lire...
Résumé : 
Ben est "noteur" : écrivain mercenaire, il termine les intrigues des auteurs qui en ont perdu le fil et ne savent pas conclure. Sa femme est morte par accident quelques mois plus tôt et, ne supportant plus d'être séparé d'elle, il choisit de la rejoindre dans la mort... et, à sa grande surprise, découvre que la mort n'est pas une fin en soi. En compagnie de tous les gens qui sont morts le même jour que lui, Ben se réveille en effet au coeur d'une grande ville qui lui offre aussitôt une vie nouvelle, sans argent, sans vêtements, et où il lui est possible de retrouver tous ses proches défunts. Une utopie ? Peut-être, sauf qu'il y manque une personne, celle qu'il a voulu rejoindre : de Marianne, l'amour de sa vie, aucune trace, aucune piste... Que s'est-il passé ? La solution de l'énigme qui l'afflige ne se trouverait-elle peut-être pas encore sur Terre, parmi les vivants ? Mais comment peut-il en être sûr alors que les règles de l'après-vie lui échappent toutes, et jusqu'aux plus évidentes ?
Je n'ai pas été long, à la lecture de ce livre, à penser à Eduardo Mendoza et à ses romans humoristiques enlevés dont l'un au moins (Sans Nouvelles de Gurb) tape dans la SF bien caractérisée. Ben est ici confronté à un univers complet, en perpétuelle expansion - puisqu'il recueille tous les défunts de l'humanité - aux lois peut-être surprenantes mais toujours auto-justifiées. Un univers en évolution, aussi, puisque la technologie des civilisations humaines vivantes y est présente et même améliorée. Dans sa quête, Ben va trouver l'aide pas toujours décidée d'un détective privé tandis que le lecteur, transporté de l'ici-bas vers l'au-delà, va chercher lui-même à comprendre où est passée la fameuse Marianne. On doute souvent, dans ce livre, de la façon dont l'auteur va parvenir à ficeler son intrigue - et il faut le reconnaître, ce même auteur possède un certain talent pour nous mener sinon par le bout du nez, du moins, en bateau...

Qu'il est dommage, dans ce même temps, de voir un univers d'une telle ampleur si peu exploité. Se payant le culot de faire croiser nulle autre personne que Marilyn Monroe à son personnage principal et ce, dès son premier jour de présence dans l'après-vie, l'auteur s'interdit ensuite les clins-d'yeux qui auraient pu être si réjouissants, donnant l'impression d'être lui-même, tout comme Ben, à la recherche de l'invisible et introuvable Marianne. L'argument de l'oeuvre, tout droit sorti du fantastique, en reste à vrai dire inexploité : tout au plus, au détour d'une page, découvre-t-on la nature des "alias" - les gestionnaires de ce monde bizarre - et celle des "arbres généalogiques" qui font le lien entre les deux mondes. On en déduit que l'auteur n'a en réalité par cherché à écrire un roman de la veine fantastique mais tout au plus un conte philosophique exploitant un argument tout droit sorti des mauvais genres...

Sans être exaltant, Le Monde de la Fin se lit bien et ne laisse aucune saveur désagréable en bouche. Quelques passages marrants ou surprenants viennent agrémenter par ailleurs une lecture pépère ; on ne refusera donc pas de lire de prochaines livraisons de cet auteur, à l'avenir : c'est bien la moindre des choses.

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