Les Maîtres du Temps

J'ai déjà eu l'occasion ici de parler du film d'animation Les Maîtres du Temps de René Laloux, scénarisé à partir d'un livre de Stefan Wul et dessiné avec beaucoup de talent par Moebius lui-même. Il y a peu de temps, j'ai appris qu'il existait une BD réalisée à partir du film. Bien entendu épuisée en librairie depuis une éternité, cette BD reste cependant disponible en bouquinerie... et à un prix encore assez raisonnable. Occasion pour moi, grand amateur des Maîtres du Temps, de découvrir cette oeuvre sous un jour inédit, trente ans après sa sortie au cinéma...
Résumé :
Sur Perdide, Claude est en fuite à bord de son engin tout-terrain : les terribles frelons viennent de tuer sa femme, et il veut mettre son fils Piel à l'abri dans la zone des Dolongs. Un accident vient cependant à bout de son courage : coincé dans son épave, il n'a pas d'autre choix que de laisser Piel partir seul, avec pour toute compagnie un micro sub-spatial. Très loin de Perdide, le vaisseau "Double triangle 22", en route vers Aldébaran, reçoit l'appel au secours de Claude : pour Jaffar, l'heure a sonné de sauver le fils de son ami maintenant disparu. Or, le Prince Matton d'Atral, à bord du vaisseau de Jaffar, voit ce déroutage d'un très mauvais oeil : en fuite après avoir dérobé le trésor public de sa planète suite à une révolution, il attend de Jaffar qu'il le mette à l'abri, lui et sa femme, Belle... Piel pourra-t-il être sauvé des frelons ?
Si cet album permet de se replonger dans l'univers si particulier du dessin animé, le surtitre (La Bande dessinée du Film) annonce la couleur : plus qu'une oeuvre à part entière, il s'agit bel et bien d'un ouvrage-compagnon, reprenant certaines images (parfois dans un ordre un peu différent de celles du film), avec des dialogues un peu adaptés pour les besoins du format... mais aussi faisant l'impasse de certaines scènes, il est vrai, peu utiles au propos du film. Ainsi, la romance entre Jaffar et Belle se trouve mise de côté, à commencer par la scène de la baignade.

L'intrigue ne souffre pas de ces détails liés aux besoins de l'adaptation et, le dessin de Moebius étant tout à fait adapté à la BD, le résultat final se laisse accepter sans presque peine. On regrette presque de ne pas entendre la bande-son cristalline et futuriste du film, bien sûr. Mais le plus gros défaut, c'est le choix étrange des images tirées du film, dont le découpage perturbe parfois la compréhension des événements. L'accident de Claude par exemple, au départ, s'en trouve donc moins montré que suggéré : on réalise alors que l'oeuvre magnifique de Laloux et Moebius aurait peut-être mérité une véritable adaptation en BD... Il est vrai qu'il aurait fallu pour cela, sans doute, revoir une très grande partie du dessin : une tâche énorme. Tant pis !

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