Vestiges

Un space-op' lu dans le cadre du SSWEVI... Il s'agit du premier tome d'une trilogie intitulée QuanTika.
Résumé :
Gemma, c'est une planète pas tout à fait inhabitable, en orbite autour d'un système binaire à 6,5 années-lumière de la Terre. Avec une atmosphère proche de celle de la planète des origines, c'est aussi un espoir sérieux de colonisation pour une espèce humaine en train d'épuiser son environnement, bien que Gemma soit glaciale et recouverte d'un épais glacier : au cours de son orbite, elle s'aventure hors de la zone habitable de son système stellaire. Lorsqu'ils arrivent, les premiers colons font une découverte inquiétante : un énorme artefact, le Grand Arc, est en orbite rapprochée autour de Gemma. Il témoigne du passage, dans un passé reculé, d'une espèce intelligente n'ayant par ailleurs laissé aucune autre trace... Un siècle plus tard, il semble bien que la colonisation de Gemma soit sur le point d'échouer. Dans quelle mesure les étranges incidents qui frappent la colonie sont-ils liés à la présence pesante du Grand Arc ? A moins qu'il n'y ait quelque chose de dissimulé sous la glace, quelque chose à même d'altérer la nature même de l'espace-temps...
A prendre connaissance du pitch de ce livre, j'ai aussitôt pensé à la série ouverte par Les Machines de Dieu de Jack McDevitt. Le postulat selon lequel l'intelligence dans l'Univers ne serait pas une exception, mais qu'elle serait assez rare pour que deux civilisations n'apparaissent jamais au même moment m'apparaît quelque peu fascinant - et ouvre surtout une branche théorique de l'Histoire, à savoir, l'exo-archéologie. Dans ce livre, l'intrigue repose en effet sur une recherche en exo-archéologie : les Bâtisseurs ayant visité le système de Gemma dans le passé n'y ont pas laissé que le Grand Arc. L'enjeu pour la majeure partie des personnages devient alors de déterrer leurs vestiges enfouis sous la glace. Et surtout de comprendre comment une civilisation assez puissante pour concevoir le Grand Arc et les éponymes vestiges a pu disparaître.

Les personnages sont en effet taraudés par une impression de danger imminent. Le Grand Arc n'est pas sans évoquer une épée de Damoclès, avec son apparence maléfique, tout en piquants et en crocs : n'y a-t-il pas là de quoi éveiller des inquiétudes ataviques chez les colons de Gemma ? Le climat lui-même de la planète n'est-il pas des moins vivables ? Et les habitants ne sont-ils pas coincés sur ce monde sans espoir de retour ? Il s'agit là d'une dimension assez peu explorée, à ma connaissance, en space-op' : de la même façon que Christophe Colomb savait qu'il avait falsifié ses calculs pour obtenir le privilège royal de voguer vers l'Ouest, et qu'il partait donc vers l'inconnu, les premiers explorateurs de la banlieue stellaire du Soleil partiront sans doute aussi en toute connaissance de cause pour un voyage sans retour, à l'arrivée duquel se trouve l'inconnu - et peut-être même l'incompréhensible. Vestiges rend fort bien cette impression inquiétante. Au fur et à mesure que l'expédition scientifique à la recherche des Vestiges creuse la glace puis la roche, la pression monte parmi les chercheurs. Pression qui n'est en rien amoindrie par une situation politique des plus inquiétantes, elle aussi : entre un gouvernement scientifique dépassé par les événements, une milice déterminée à prendre le pouvoir par la force et des indépendantistes autoproclamés "enfants de Gemma", tout montre que rien ne tourne bien.

La découverte des Vestiges ne fait pourtant qu'élever le mystère au carré. A l'intrigue exo-archéologique s'associe une énigme physique : il semble qu'à l'intérieur de la "conque" souterraine découverte par l'équipe, se dissimule une entité capable d'altérer les lois de la physique, et qui serait à l'origine aussi bien des aberrations qui perturbent les colons que de la dégradation du comportement des chercheurs. On se demande, à la fin du livre, comment l'auteure va parvenir à relier ensemble l'intrigue "humaine" et les éléments d'origine extraterrestre, encore peu compréhensibles, apparaissant dans différents chapitres éparpillés au long de l'oeuvre.

Nul doute que pour le savoir, il faudra se plonger dans les deux prochains tomes : c'est prévu. Je sélectionne ce livre dans le cadre du Prix des Blogueurs 2012.

Lire aussi l'avis de Guillaume, le Traqueur Stellaire, et celui d'Efelle.

Commentaires

Guillaume44 a dit…
Merci pour le lien, n'oublie pas la chronique d'Efelle si c'est pas fait : http://efelle.canalblog.com/archives/2012/06/10/24466501.html
Anudar a dit…
Merci, c'était en effet un oubli... Désolé Efelle, c'est réparé !
chris a dit…
Intéressant. Cela me donne envie de le lire.
Anudar a dit…
Alors j'attendrai ton avis, chris !
chris a dit…
Si le thème de l'exo-archéologie t'intéresse, je te suggérerais à ce propos, une ancienne nouvelle de 1973 par Henry Beam Piper "Langage universel (omnilingual)".

PS : je suis en train de relire l'Histrion. Il est pour l'instant difficile d'organiser mes idées à ce sujet, mais je t'en ferais part (cf nos commentaires sur ta chronique).
Anudar a dit…
Je lirai ton avis avec plaisir ! N'hésite pas à en faire une chronique sur ton blog et à me la signaler, je ferai un lien :).
Anudar a dit…
Et merci pour la suggestion !
Efelle a dit…
Merci Guillaume et il n'y a pas de problèmes Anudar.

Un chouette bouquin qui réussit à allier ambiance scientifique et planet opera. On y croit et accroche facilement.
Lorhkan a dit…
Ca m'a l'air sympa tout ça.
Cela dit, tu n'en dévoiles pas un peu trop sur le roman ?
Anudar a dit…
On est bien d'accord.
Anudar a dit…
Euh... J'essaie d'éviter. J'ai quand même pas spoilé la fin ?
Guillaume44 a dit…
Franchement non, il y a une psychose du "spoiler" en ce moment sur les blogs, mais en même temps l'intérêt d'un bon bouquin de SF c'est aussi de pouvoir décrire le "sense of wonder" d'un ouvrage et le commenter en chronique, et de donner envie de le lire à son tour. Et en cela le billet d'Anudar est nickel.
Efelle a dit…
On peux faire ici la liste des trucs que tu n'as pas dit et qui seraient considérés comme des spoilers... :D
Anudar a dit…
Merci Guillaume :) !
Anudar a dit…
Il y a **** et aussi **** ... et encore **** :P !
Lorhkan a dit…
Ah mais je ne sais pas, hein, je n'ai pas lu le bouquin, je pose juste la question...
Maintenant, je l'avoue je l'admets et j'en suis fier, j'ai horreur des spoilers. Parce que j'aime être surpris.
Le sense of wonder c'est bien, mais si en parler en dévoile trop sur l'intrigue, ça me gêne.

Mais s'il y a encore plein de trucs non dévoilés, tant mieux.
A.C. de Haenne a dit…
Entre ta chronique et la critique dans Bifrost, ça donne vraiment envie de le lire !

A.C.