Antarès tome 4

J'ai déjà parlé ici de Leo et de son univers des Mondes d'Aldébaran, une série de BD dont les chroniques ne dépareraient pas dans un Summer Star Wars (et d'ailleurs, il me semble que certains autres participants à la fête ne s'en sont pas privés). J'ai eu l'occasion, en Février dernier, de dire le mal que j'ai pensé du premier tome de la série spin-off Les Survivants, que j'ai perçu comme une façon de maintenir l'intérêt du lectorat (et donc, sa capacité à ouvrir son porte-monnaie) tout en ralentissant la publication d'Antarès, lequel cycle est censé conclure l'ensemble de l'arc principal de la série... J'étais pas content après Leo en Février dernier. Cela ne m'a pas empêché de me jeter "comme la misère sur le pauvre monde" (copyright ma mémé) sur ce quatrième volet de la série Antarès dès que je l'ai pu...
Résumé :
Un désastre vient de frapper Kim. Déjà en fâcheuse posture sur une planète hostile, voilà qu'un mystérieux rayon émanant d'Antarès-4, la planète voisine, vient de lui arracher Lynn, sa fille aux yeux à pupille verticale... Nul doute, cette fois-ci, qu'une intelligence est à l'oeuvre dans le système d'Antarès. L'expédition se débat de plus contre du matériel endommagé qui a besoin d'une réparation d'urgence - arrêt qui sera l'occasion d'une découverte extraordinaire dans une grotte... et d'un nouveau tribut payé en sang humain à la dangereuse biosphère d'Antarès-5... Alors que pour Kim et ses amis la colonisation d'Antarès prend un goût de plus en plus amer, au camp de base, de graves événements ont lieu. La secte qui contrôle une partie du projet va tenter un véritable coup d'Etat. L'exploration d'Antarès-4, et l'éventuel contact avec une civilisation extraterrestre, seront-ils placés sous le contrôle de Jedediah, son gourou ?
Cet album est pour moi un véritable soulagement. Le goût amer éprouvé à la lecture d'Anomalies quantiques est vite dissipé par les peintures rupestres mises au jour par le groupe de Kim. Un nouveau mystère semble s'introduire dans la série : ce Lascaux extraterrestre est-il le fait d'êtres humains, comme le suggèrent les mains en négatif qui accompagnent le bestiaire d'Antarès ? Et si oui, quelle bizarrerie de l'évolution peut-elle expliquer cette convergence biologique ? Nul doute que Kim - tout comme nous, en fait - a son idée sur la question. Le seul regret, c'est encore que dans l'urgence de la survie sur Antarès-5, la découverte passe presque à l'as, mais sa puissance symbolique est telle qu'elle ne manque pas d'éclairer l'ensemble de l'album. Autre indice d'importance : le décès du jeune Erwan, dans cette même grotte, renforce l'idée selon laquelle des êtres humains ont vécu dans les parages. Quel est donc l'idée que Leo a derrière la tête ?

Le reste de l'album correspond très bien au schéma classique de la série. Grosses bêtes, fanatisme religieux et/ou capitaliste et lutte contre un environnement étranger voire même hostile. On est en terrain connu même si le bestiaire d'Antarès est lui-même inhabituel dans la série. Autant celui d'Aldébaran et de Bételgeuse étaient encore assez familiers, les plantes et les animaux d'Antarès ont des formes encore plus étranges. On observe le retour du "cauchemar volant", cet affreux prédateur qui évoque une toile cirée, que l'on avait déjà entrevu dans le premier volet. Leo réussit donc à nous convaincre, par ses simples choix graphiques, de toute l'étrangeté d'Antarès, le monde sans doute le plus hostile qu'il ait dessiné jusqu'alors - et pourtant, un monde où l'être humain semble avoir vécu sans technologie avancée. Voilà l'un des paradoxes qui lui restent à lever dans la fin du cycle.

Laquelle fin, au passage, et au vu des éléments qui restent à rassembler, ne va sans doute pas être facile à réaliser. Lui suffira-t-il d'un album ? Ou bien envisage-t-il, comme il me semble l'avoir lu quelque part, prolonger Antarès au-delà du cinquième ? C'est à voir. J'espère en tout cas que la fin du cycle sera conclusive.

Lire aussi l'avis de Guillaume Stellaire.

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